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The Centre for Studies on Human Stress (CSHS) is dedicated to improving the physical and mental health of Canadians by empowering individuals with scientifically grounded information on the effects of stress on the brain and body.
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La version originale de ce billet de blogue est disponible sur le site web de Dre Sonia Lupien juste ici!

Partis bien avant que l’Organisation mondiale de la Santé ne déclare la pandémie pour la COVID-19, fiston et moi sommes revenus ce samedi 14 mars d’un voyage en Afrique du Sud.  Nous avons fait une escale à Johannesburg et une autre à Londres avant d’atterrir à Montréal.  Durant le voyage, nous avons appris qu’à notre retour, nous devrions nous placer en quatorzaine, question de ne pas contaminer d’autres gens autour de nous si nous avons attrapé la COVID-19 lors de nos multiples escales et voyages en avion, entourés de centaines de personnes provenant des quatre coins du monde.

 

Nous sommes donc à la maison et avons débuté un tournoi épique de Scrabble qui devrait durer une bonne dizaine de jours.  Fiston mène le tournoi à ce jour, mais je persisterai.  Si vous avez des mots de 6 lettres comprenant les lettres ‘W’, ‘X’ et ‘Y’, à me proposer, je suis preneuse !

 

À mon retour, j’ai été exposée à deux types de comportements sociaux qui m’ont fait réfléchir au stress.  D’abord, j’ai vu les vidéos de tous ces gens qui se ruaient sur le papier de toilette dans les magasins à grande surface.  Je vous écrirai un autre billet de blogue à ce sujet :).  Mais en bref, ce type de comportement démontre bien l’impact qu’une pandémie peut avoir sur le niveau de stress des gens et l’effet de ce stress très élevé sur les comportements de consommation.

 

L’autre type de comportement que j’ai vu m’a fait plus longuement réfléchir.  En jasant avec différentes personnes autour de moi, j’ai réalisé que certaines personnes qui étaient revenues de voyage dans la même semaine que moi n’avaient pas l’intention de suivre les recommandations du gouvernement et de se placer en quatorzaine.   Ces personnes continuaient d’interagir avec divers groupes de gens, sans leur dire qu’elles revenaient de voyage et que leur probabilité de contagion était pourtant plus élevée que la moyenne des gens.

 

Quand je jase avec ces personnes, elles me disent qu’elles ne sont pas du tout stressées par la Covid-19 et que tout cet énervement autour de la pandémie est exagéré.  Beaucoup d’entre elles décident donc de continuer de vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était et certaines personnes semblent même retirer une certaine fierté à dire qu’elles ne sont pas du tout stressées par la pandémie.  Le stress est négatif et toxique disent-elles.  Alors leur zénitude est quelque chose de très bien selon elles.

 

Ces personnes ne semblent pas avoir compris que le stress est nécessaire à la survie.

 

Depuis plusieurs années déjà, je martèle à qui veut l’entendre que la réponse biologique de stress est nécessaire à la survie et que c’est parce que nos ancêtres de la préhistoire ont été capables de détecter une menace et d’y répondre par une réponse de stress qu’ils ont survécus aux mammouths.  En général, les individus qui n’ont pas été capables de reconnaître la menace et d’y répondre par une réponse de stress n’ont pas survécu à la préhistoire.

 

En ce moment, nous sommes donc témoins des deux extrêmes de la courbe de résistance au stress.  D’un côté, des personnes avec très peu de résistance au stress se ruent dans les magasins d’alimentation pour acheter des vivres et certaines autres surchargent les lignes téléphoniques d’Info Santé pour discuter d’un mal de tête.  De l’autre côté, des personnes avec une très forte résistance au stress continuent de vaquer à leurs occupations dans divers groupes sociaux, comme si aucune menace n’était présente dans l’environnement.

 

Dans l’histoire de l’humanité, ce sont en général ces deux groupes extrêmes de la courbe de résistance au stress qui ont la plus faible probabilité de survie.  Les premiers parce que leur réponse extrême de stress ne leur permet pas de prendre de bonnes décisions quant aux comportements à adopter pour survivre à la menace, et les seconds parce que leur trop faible réponse au stress ne leur permet pas de détecter la menace qui peut les éliminer.

 

En général, dans les théories évolutives du stress, ce sont les gens qui se situent au milieu de la courbe qui ont la plus grande probabilité de survie car ils sont juste assez stressés pour détecter la menace et y répondre adéquatement, et ils ne sont pas stressés au point de prendre les mauvaises décisions pour assurer leur survie.

 

Mais ce qui est important de comprendre dans mon histoire est qu’entre les deux groupes extrêmes de la courbe de résistance au stress, ce sont les gens qui ont la plus forte résistance au stress qui mettent leurs concitoyens (peu ou pas stressés) à risque.  Quand je vois ces gens incapables de comprendre la menace posée par la Covid-19 se promener librement dans divers groupes sociaux au retour d’un voyage quelconque, je me dis qu’il y a un coût social et sanitaire à leur forte résistance au stress et que contrairement à ce que ces personnes peuvent penser, ce n’est pas ‘cool’ d’être ‘zen’ ces temps-ci.

 

Pas du tout.

 

Un peu de stress est essentiel ces jours-ci pour assurer que nous pourrons tous retourner à nos occupations dans quelques semaines ou mois, sans trop de pertes sur nos horaires, nos finances et surtout notre santé.

 

 

Texte de Sonia Lupien PhD., Directrice du Centre d’études sur le stress humain