Il est bien connu que le stress a un impact sur une variété de pathologies au niveau physiologique et mental. La défaillance de l’axe hypothalamo-pituito-surrénal (HPS) qui participe à la production et la régulation des hormones de stress chez l’humain s’avère impliquée à différents niveaux dans le déclenchement, le développement et la progression de ces maladies. Ainsi, les hommes sont plus à risque de souffrir de maladies infectieuses et cardiovasculaires tandis que les femmes sont particulièrement vulnérables aux troubles de l’humeur et aux désordres auto-immuns. Ces différences entre les sexes sont dues à une série de facteurs biologiques et sociaux qui modulent la réactivité au stress des hommes et des femmes. La prochaine section discutera de l’impact du sexe et du genre sur la réponse différentielle de stress chez l’humain.
L’axe hypothalamo-pituito-surrénal
Sommairement, l’axe hypothalamo-pituito-surrénalien (HPS) prend sa source dans le noyau paraventriculaire de l’hypothalamus (PVN). Toute l’information sur le stress et l’homéostasie hormonale provenant de différentes régions cérébrales finit par converger vers cette région de l’hypothalamus. Quand une situation est perçue comme menaçante ou stressante, l’activation de l’axe HPS est déclenchée mettant ainsi en branle une cascade d’événements hormonaux (voir figure 1). Le PVN synthétise le facteur de libération de corticotropine (CRHF) qui se lie à ses récepteurs au niveau de la glande pituitaire antérieure. Cela stimule la production de l’hormone adrénocorticotrope (ACTH) qui est envoyée dans la circulation sanguine. Au moment où l’ACTH atteint le cortex surrénal, elle incite la libération de glucocorticoïdes, le principal chez l’humain étant le cortisol. Le cortisol est alors relâché dans le sang. La majorité du cortisol circulant dans le sang est liée à une protéine de transport, principalement à la globuline de liaison de corticostéroïdes (CBG). Il est important de souligner que lorsque le cortisol est dosé dans le sang, la partie liée et la fraction libre ou non-liée à la CBG est observable. À l’inverse, seule la fraction libre est observable lorsque le cortisol est mesuré dans la salive. Par ailleurs, seul le cortisol libre est actif biologiquement. En effet, le cortisol est un stéroïde, donc il est liposoluble. Il peut alors traverser la membrane cellulaire, elle-même lipidique pour accéder et activer les récepteurs situés dans le cytoplasme de la cellule-cible. La CBG est une protéine hydrophile qui est incapable de traverser la membrane cellulaire, donc si le cortisol y est lié, il n’a aucune chance d’activer un récepteur. De plus, grâce à ses propriétés lipidiques, le cortisol est aussi en mesure de traverser la barrière hémato-encéphalique pour agir sur les récepteurs de cellules-cibles dans le cerveau. Cela est en fait nécessaire pour la régulation de l’axe HPS afin de rétablir l’homéostasie. Lorsqu’il y activation de l’axe HPS, les niveaux de cortisol augmentent dans le sang. Ainsi, lorsque l’homéostasie hormonale est en déséquilibre, une certaine proportion du cortisol remonte au niveau de l’hypothalamus et de la pituitaire pour inhiber la sécrétion du CRF et de l’ACTH et par conséquent, sa propre sécrétion. Ce phénomène est connu sous le nom de boucle de rétroaction négative. L’ACTH et le CRF agissent également comme inhibiteur au niveau hypothalamique par d’autres boucles de rétroaction négative. Bref, la régulation globale de l’axe HPS est sous-tendue par la stimulation en chaîne de glandes endocrines par les hormones afférentes et par l’inhibition issue de plusieurs boucles de rétroaction négative par ces mêmes hormones. Évidemment, l’efficacité de la régulation dépend de la réactivité de l’axe ainsi que de la sensibilité des récepteurs des cellules-cibles.
Le cortisol a une variété d’impacts physiologiques. Il joue un rôle prépondérant au niveau métabolique en mobilisant des ressources pour fournir l’énergie nécessaire dans des contextes où le corps fait face à une épreuve ou une menace, donc en situation de stress. Il participe également à la régulation d’autres systèmes comme le système immunitaire, l’axe sympatho-médullo-surrénalien (SAM), le système cardiovasculaire et les processus affectifs et cognitifs comme la mémoire.
Le sexe et les types de stresseurs
Les études sur le stress reposent généralement sur trois types de stresseurs en laboratoire, soient les stresseurs psychosociaux, les stresseurs pharmacologiques et les stresseurs physiques. Les trois types modulent l’activité de l’axe HPS à des niveaux différents. Un stresseur psychosocial, par exemple une tâche d’exposé oral devant un panel de juges, a un effet sur la réponse de stress qui s’exprime à travers le système limbique et les régions frontales. Ces régions envoient l’information vers l’hypothalamus où l’activation de l’axe HPS sera déclenchée. Par contre, les stresseurs physiques, comme le test de pression au froid où l’individu doit mettre sa main dans un contenant de glace, semblent activer l’axe HPS directement à l’hypothalamus sans nécessairement passer par d’autres structures cérébrales. Pour ce qui est des stresseurs pharmacologiques, qui sont en fait des agents stimulants ou inhibiteurs de l’axe administrés à un individu, ils ont un effet sur la réponse de stress à différents niveaux de l’axe. Par exemple, une injection d’hydrocortisone, un agoniste du cortisol, aura un effet sur la glande surrénale en premier. À l’inverse, l’injection d’un agoniste d’ACTH réagira au niveau de la glande pituitaire.
Si les différences entre les sexes sont évidentes lors des tâches où il y a présence d’un stress psychosocial, les résultats sont moins clairs quant aux autres types de stresseurs. En effet, lors d’une tâche d’exposé oral, les hommes montrent généralement une réponse de stress cortisolaire plus élevée que les femmes. Pour ce qui est des stresseurs physiques et pharmacologiques, les résultats sont contradictoires, ne montrant pas de différences constantes entre les sexes.