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The Centre for Studies on Human Stress (CSHS) is dedicated to improving the physical and mental health of Canadians by empowering individuals with scientifically grounded information on the effects of stress on the brain and body.
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Jeunes et les maladies mentales

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Experts au secours: Les jeunes connaissent-ils vraiment les maladies mentales?

Par Julie-Katia Morin-Major

Dans le cadre du projet Dé-stresse et Progresse©, nous avons cru important de connaître ce que les jeunes savent et pensent des maladies mentales. C’est pourquoi nous avons demandé à 176 jeunes de répondre à un questionnaire sur ce sujet. Suite au survol des réponses, nous remarquons que les adolescents ont certaines croyances concernant les problèmes de santé mentale, tels la dépression, les troubles anxieux, la toxicomanie, la schizophrénie et le trouble obsessif-compulsif. Par contre, ils ne sont pas seuls à véhiculer ces idées populaires. En effet, il n’est pas rare d’entendre que les gens aux prises avec un trouble-obsessif compulsif ont peur de tout ou encore que le tabagisme n’est pas une toxicomanie. Afin de répondre à ces questions et d’en apprendre plus sur les maladies mentales, nous avons consulté six experts dans le domaine de la santé mentale. Voici donc un portrait de la situation.

Dépression

De nos jours, la dépression touche environ 10% à 15% des adolescents, un nombre qui ne cesse d’augmenter chaque année. Face à cette situation préoccupante, il est important que les jeunes soient informés sur cette maladie et, par le fait même, apprennent à la détecter. Suite à l’analyse du questionnaire, nous pouvons constater que 88% des jeunes répondants ont une idée de la dépression, mais tous ignorent qu’à partir de l’adolescence, deux fois plus de filles que de garçons en souffriront.

La plupart des jeunes voient la dépression comme étant un sentiment de tristesse et de fatigue qui peut être accompagné de désintéressement, de la perception que tout va mal et même d’idées suicidaires. D’après Dr Stéphane Kunicki, chef d’unité des soins intensifs de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine, les jeunes n’ont pas tout à fait tort. La dépression se définit par deux critères principaux, soit la tristesse et l’anhédonie (manque d’intérêt généralisé). De plus, la dépression est accompagnée de certains des critères suivants :

  • la fatigue
  • les pensées relatives à la mort
  • le manque de confiance en soi
  • un changement d’appétit

Madame Isabelle Lajoie, psychologue, aime bien utiliser l’image qui suit pour faire comprendre comment une dépression est vécue : « Imaginez-vous avec un ami devant la plus belle scène que vous n’avez jamais vue. Toutefois, cet ami porte des verres fumés très noirs. Même si vous lui décrivez à quel point les couleurs sont vives, il verra tout en noir. C’est la même chose pour une personne qui souffre de dépression. Peu importe à quel point la vie peut être belle, amusante et stimulante, la personne déprimée ne voit pas les choses comme tout le monde, puisqu’elle les vit à sa façon ».

En bref, même si la dépression est un sujet tabou de nos jours, probablement dû au fait qu’elle n’est pas bien comprise et stigmatisée, les jeunes arrivent tout de même à identifier correctement plusieurs signes et symptômes de cette maladie. Par contre, d’autres problématiques de santé mentale sont moins bien connues des adolescents.

Troubles anxieux

Des 176 répondants, 40% ont une opinion de ce que sont les troubles anxieux et de ce groupe, 15% croient qu’il s’agit du stress. Existe-t-il une différence entre stress et troubles anxieux ou s’agit-il du même phénomène? Nous avons demandé à Dre Sonia Lupien, directrice et fondatrice du Centre d’études sur le stress humain et directrice scientifique du Centre de recherche Fernand-Seguin de Hôpital Louis-H Lafontaine, ainsi qu’à Dr André Marchand, chercheur au Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine, de nous éclairer sur cette situation.

D’abord, l’anxiété c’est la peur d’avoir peur. Elle peut être causée soit par un trait de personnalité ou bien par un état passager. En effet, certains individsu ont une personnalité anxieuse et donc, ont tendance à être anxieux peu importe la situation dans laquelle ils se trouvent. Leur anxiété persiste et n’est pas spécifique à un évènement particulier. Par contre, d’autres personnes auront une anxiété passagère dûe à un évènement ciblé. Par exemple, avant un examen d’admission en médecine, certaines personnes seront anxieuses, mais leur anxiété disparaitra une fois l’examen terminé.

En revanche, le stress n’est pas un trait de personnalité, mais plutôt une réponse de l’organisme face à une situation incontrôlable, imprévisible, nouvelle et/ou qui représente une menace à notre égo. Par contre, il existe des liens entre le stress et l’anxiété. Effectivement, les gens qui ont une personnalité anxieuse auront habituellement une réponse de stress plus élevée.

Il faut comprendre que, tout comme le stress, l’anxiété est une réaction normale de l’organisme puisque sans elle, nous ne serions pas capables de fonctionner. En effet, nous ne serions pas capable de détecter les dangers potentiels. Par exemple, nous ne regarderions pas des deux côtés de la rue avant de traverser. Par contre, lorsque l’anxiété devient trop importante, nous parlons de troubles anxieux. Il existe différents troubles anxieux (trouble panique, anxiété sociale, anxiété généralisée, stress post-traumatique, anxiété de séparation, phobie spécifique) qui sont caractérisés soit par une perte de contrôle, une peur ou un événement anxiogène. Les différents types de troubles anxieux varient en termes de durée et d’intensité.

Souvenez-vous que tout comme le stress, l’anxiété touche les individus de tous les âges. Bref, les jeunes comme les moins jeunes ne sont pas à l’abri des troubles anxieux.

Toxicomanie

Bien que la toxicomanie commence habituellement à l’adolescence ou au début de la vie adulte, seulement 45% des jeunes avaient déjà entendu ce mot. Une grande partie d’entre eux pensent que la toxicomanie signifie qu’une personne consomme de la drogue, du tabac ou de l’alcool au point de s’intoxiquer. Dr Stéphane Potvin, chercheur au Centre de recherche Fernand-Seguin, nous explique que la toxicomanie est constituée d’abus et de dépendances à une substance. Celle-ci peut être un dépresseur (alcool, benzodiazépines), un stimulant (cocaïne, amphétamine) ou un perturbateur (cannabis, PCP, champignons magiques). Les jeunes ont-ils raison de penser que le tabac fait partie de ces substances? «Tout à fait, au même titre que la cocaïne ou le cannabis», répond Dr Potvin. Certains experts commencent même à croire que la consommation de malbouffe, de façon abusive et incontrôlée, serait une forme de toxicomanie.

Mais qu’est-ce qui entraîne la toxicomanie?

Beaucoup de jeunes ont mentionné qu’elle est causée par la pression des pairs. Dr Potvin soutient qu’il est vrai que la pression sociale joue un grand rôle, mais qu’il ne faut surtout pas négliger d’autres facteurs comme le contexte socio-économique, la culture et les prédispositions génétiques. Pour éviter la pression des pairs, Dr Potvin croit qu’il est important de ne pas perdre de vue qu’il y a beaucoup d’autres choses que la drogue qui sont cool dans la vie et qui n’entraînent pas tous les désavantages de la consommation.

Dr Potvin soulève aussi quelques faits marquants par rapport à la toxicomanie et les jeunes. En effet, plusieurs seront peut-être surpris d’apprendre que les garçons sont deux fois plus à risque que les filles de devenir toxicomanes. De plus, il est important de savoir qu’on peut devenir toxicomane après une seule consommation, selon les prédispositions de chacun.

En somme, un peu moins de la moitié des adolescents ont une bonne idée de ce qu’est la toxicomanie. Il ne faut pas perdre de vue que la consommation de certaines substances (ex.: tabac, alcool, cannabis) est parfois banalisée à tort. C’est pourquoi il est donc important de poursuivre les efforts de sensibilisation et de ne pas minimiser les répercussions potentielles d’une première consommation.

Schizophrénie

La schizophrénie est la maladie la moins connue par les jeunes. En effet, seulement 11% de ceux-ci avaient déjà entendu ce mot. Ce manque de connaissances est peut-être dû au fait que seulement 1% de la population est atteint de cette maladie.

En général, les premiers symptômes apparaissent à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Afin de nous éclairer sur cette maladie, nous avons consulté Dr Stéphane Kunicki, chef d’unité des soins intensifs de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine. Il nous explique que la schizophrénie est une maladie complexe qui altère la perception de la réalité des personnes qui en sont atteintes. Effectivement, 60% de ceux-ci ont des hallucinations auditives (entendre des voix en absence de stimulations externes). D’autres ont des hallucinations visuelles, olfactives, gustatives, tactiles ou encore psychiques. Plusieurs de ces personnes ont des illusions où leur imaginaire devient une réalité pour eux.

Quelques-uns d’entre vous pourraient croire que les gens atteint de schizophrénie sont violents ou dangereux, par contre, très peu de ceux-ci le sont. En effet, la majorité des gens atteint de schizophrénie qui sont violents avaient des traits de personnalité antisociale avant de développer la schizophrénie.

Trouble obsessif-compulsif

Le trouble obsessif-compulsif (TOC) est très peu connu des jeunes. En effet, seulement 16% des répondants avaient leur propre opinion sur cette maladie. La plupart des jeunes ayant fourni une réponse ont mentionné qu’il s’agissait du fait d’avoir peur de tout. Nous avons demandé à Audrey Bertrand, étudiante au doctorat sous la supervision de Dr Kieron O’Connor au Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine, de nous éclairer sur cette maladie plutôt méconnue des adolescents.

Tout d’abord, il est faux de penser que les gens qui souffrent de TOC ont peur de tout. Ces personnes ont des obsessions ainsi que des compulsions spécifiques et non généralisées. Les obsessions sont des pensées ou des images qui sont incontrôlables et qui nuisent au fonctionnement de la personne. Il peut s’agir entre autres d’obsessions de contamination, de symétrie ou de mort. Celles-ci sont souvent accompagnées de compulsions, c’est-à-dire des actions ou des comportements qui permettent d’enrayer les obsessions. Les compulsions se manifestent de différentes manières. En voici quelques exemples : se laver les mains très souvent, organiser les objets de façon symétrique ou encore répéter certaines phrases en lien avec l’obsession.

Il est intéressant de savoir que l’âge de l’apparition des premiers symptômes se situe entre 6 et 15 ans pour les garçons et entre 20 et 29 ans pour les femmes. De plus, le trouble obsessif-compulsif atteint environ 2% des jeunes, et donc, est moins fréquent que la dépression et la toxicomanie. C’est peut-être d’ailleurs pour cette raison que les jeunes en connaissent moins sur cette maladie.

Pour conclure, plusieurs maladies mentales émergent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. C’est pourquoi il est important pour les jeunes et leur entourage de connaître et comprendre les différentes maladies mentales. Suite à l’analyse des réponses des adolescents, nous constatons que ces maladies, du moins certains aspects, demeurent méconnus des jeunes. Afin d’être en mesure de détecter rapidement l’apparition des premiers symptômes et de pouvoir ainsi recevoir un traitement médical et/ou psychologique approprié, il est nécessaire de continuer à démystifier et déstigmatiser les maladies mentales. Surtout, n’oubliez pas que vous n’êtes pas seul, les maladies mentales touchent 20% de la population, alors n’hésitez pas à en parler.