Malgré le fait qu’il ne soit désormais plus le sujet de tabou qu’il était par le passé, le cycle menstruel reste un phénomène hormonal complexe que peu de gens connaissent et comprennent en totalité. En effet, beaucoup de gens peuvent vous dire, par exemple, qu’il comprend une phase pré-ovulatoire, une ovulation, une phase post-ovulatoire et que des hormones sont impliquées. Néanmoins, la section suivante cherche à aller plus loin dans la compréhension de ce phénomène en abordant la régulation endocrine qui le sous-tend et en expliquant pourquoi, par exemple, les menstruations n’apparaissent que durant l’adolescence ou pourquoi les hommes ne connaissent pas, à l’inverse des femmes, de cycle dans leur production d’androgènes.
Petite enfance
Tout d’abord, la régulation de la production d’estrogène, de progestérone et de testostérone est régie par l’axe hypothalamo-pituito-gonadique (HPG), et ce, dès le début de la vie. En effet, même à l’état de fœtus, nous sommes exposés à des hormones sexuelles, dont de l’estrogène provenant du placenta maternel. Le fœtus développe d’abord un axe HPG fonctionnel, permettant la production de GnRH, de FSH et de LH, puis il développe son système de rétro-inhibition. À cause de l’inhibition créée par les estrogènes placentaires, le niveau des hormones endogènes, soient celles qui sont synthétisées par l’individu lui-même, devient très bas. Ainsi, lorsque la naissance se produit, et que le placenta cesse de subvenir aux besoins de l’enfant, la production de stéroïdes sexuels atteint des fréquences pulsatiles comparables à celles observables durant la puberté. En effet, la diminution d’estrogène stimule l’activité de l’axe HPG. On assiste donc à l’activation d’une sécrétion pulsatile de GnRH par les neurones de l’hypothalamus seulement quelques heures après la naissance chez le garçon, augmentant la sécrétion de testostérone de façon marquée. Cette sécrétion d’hormones se maintient jusqu’à environ 6 mois chez le jeune garçon et semble permettre le développement des différentes cellules constituant le testicule. Chez la jeune fille, le maintien sera jusqu’à 18 mois de vie.
Enfance
Par la suite, les jeunes garçons et les jeunes filles entrent dans l’enfance, période de latence durant laquelle la sécrétion pulsatile de GnRH, et donc de FSH et de LH, devient plus lente. Il y a donc une diminution marquée de la production d’hormones sexuelles jusqu’à l’avènement de la puberté. Bien que le phénomène exact qui mène à une diminution importante de la production de stéroïdes suite à la naissance ne soit pas encore connu avec certitude, deux mécanismes semblent pouvoir jouer un rôle. Tout d’abord, le phénomène de rétro-inhibition en lui-même pourrait devenir plus sensible, faisant en sorte que des doses plus faibles d’hormones suffisent à réguler l’axe hypothalamo-pituito-gonadique. De plus, le système nerveux jouerait également un rôle dans l’inhibition de l’hypothalamus en empêchant la stimulation nerveuse de ce dernier. Ce serait les canaux de types GABAergiques, c’est-à-dire sensibles à l’acide gamma-aminobutyrique, qui seraient en cause. Lorsque ces canaux sont activés en période néonatale, ils sont excitateurs. Toutefois, une fois passée cette période, ils agissent en inhibiteurs en provoquant une entrée massive de chlore dans le neurone et le rendant ainsi hypo-réactif à un influx pouvant lui être transmis. Bref, le message nerveux est arrêté avant d’avoir atteint sa cible, soit l’hypothalamus dans ce cas. Ces deux hypothèses agiraient donc ensemble afin de diminuer la production d’hormones au cours de l’enfance.
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