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The Centre for Studies on Human Stress (CSHS) is dedicated to improving the physical and mental health of Canadians by empowering individuals with scientifically grounded information on the effects of stress on the brain and body.
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La version originale de ce billet de blogue est disponible sur le site web de Dre Sonia Lupien juste ici!

Hier soir, j’ai perdu patience au Scrabble parce que fiston n’arrête pas de gagner et que cela commence sérieusement à miner mon égo.

‘OK tu gagnes mais cela te prend 35 minutes à jouer un coup et pendant ce temps-là, je perds un temps fou ! (ne me demandez pas ce que je pourrais faire d’autre durant ce temps, confinée à la maison…).  Si tu jouais plus rapidement, je pourrais gagner ! (donc c’est de sa faute si je perds, ce qui est complètement illogique vous en conviendrez).  Et en plus, ce n’est pas juste !  Tu te retrouves toujours avec les lettres payantes ! (fiston doit sûrement avoir un aimant-Scrabblien qui attire mystérieusement les ‘Q’ et les ‘U’ en même temps)’.

À la fin de ma crise de bassinette, je me suis retrouvée seule contre fiston et conjoint, le ventre serré et les mains crispées.  La moitié de mon cerveau me disait ‘C’est eux ! Pas moi! C’est de leur faute !’, et l’autre moitié de mon cerveau me disait ‘Vraiment ?  T’es sérieuse là ?’

Je savais pertinemment bien pourquoi j’avais eu cette colère spontanée.

En 1998, deux de mes collègues, Seema Bathnager et Mary Dallman de l’Université de la Californie à San Francisco ont montré que si on expose un rat à un même stresseur pendant plusieurs jours, la réponse biologique de stress produite par l’animal diminuera avec le temps.  ‘Bonne nouvelle !’ me direz-vous.  ‘On va finir par s’habituer à tout ce stress induit par la COVID-19 et on sera zen à la fin de la pandémie !’ Pas vraiment dois-je vous répondre car en poursuivant leurs études, Seema et Mary ont observé que bien que le rat montre une réponse biologique de stress moins élevée à la 4ème ou 5ème journée d’exposition au même stresseur, ce même rat devient significativement plus réactif et sensible à tout autre nouveau stresseur.

Ainsi, le prix à payer pour s’habituer à un stress chronique est une augmentation de notre réactivité à tout nouveau stresseur.  Des situations anodines qui d’habitude ne nous stresseraient pas vont commencer à nous énerver sérieusement et mener à des colères spontanées.

Confinés à la maison comme nous le sommes depuis maintenant plusieurs jours, nous sommes lentement en train de nous habituer à ce nouveau stresseur.  Par contre, cette habituation au stress du confinement risque de mener à une plus grande réactivité à tout autre petit ou grand irritant qui survient, que ce soit une partie de Scrabble que l’on perd pour la 6ème fois en ligne, un enfant qui ne cesse de demander la même question à toutes les demi-heures, une conjointe qui ne ramasse pas son linge à vaisselle ou l’annonce de la perte de notre emploi.

Que faire alors ?  Loin de moi l’idée de vous écrire pour vous stresser.  Je vous écris pour vous informer de ce qui nous arrive en termes de stress et vous donner des pistes de solution.  Et en termes de stress, la première arme qui est à notre disposition est celle du savoir.  Quand on connaît la source de nos comportements liés au stress, on a déjà fait de grands pas vers la gestion de celui-ci.

Hier soir, seule dans ma chambre après ma montée de lait, j’ai compris qu’avec cette colère spontanée qui venait de survenir, mon cerveau m’envoyait le message que je commençais à subir un stress chronique.  Je ne l’avais pas vraiment réalisé avant que la colère ne m’assaille devant une situation qui normalement n’aurait suscité aucune colère chez-moi.

Voilà l’effet pernicieux du stress. Il s’installe souvent sans qu’on s’en rende compte.  C’est parce que les hormones de stress que nous produisons lorsque nous sommes stressés et qui ont la capacité d’accéder à notre cerveau pour affecter notre humeur agissent en-dehors de notre conscience.  Je vous écrirai d’ailleurs un billet de blogue là-dessus pour vous apprendre comment reconnaître vos réponses de stress.

J’ai donc vu hier ma colère spontanée comme étant un message très clair que mon cerveau m’envoyait pour me dire ‘Tu commences à développer un stress chronique très chère amie.  Tu vas devoir agir bientôt pour l’empêcher de devenir trop important’.

En regardant comment j’agissais depuis ma mise en confinement samedi, j’ai réalisé que je croule sous les demandes médiatiques et les textes que je veux vous écrire, et que j’ai oublié d’aller promener mon chien au moins deux fois par jour comme je le fais depuis maintenant 25 ans.  Le pauvre, il a bien tenté de me laisser savoir à plusieurs reprises que je négligeais notre promenade quotidienne, mais je n’ai fait que m’impatienter de le voir venir me quémander une attention à tout moment de la journée alors que j’étais si occupée à vaquer à toutes mes obligations.

Et en plus, il a fait super beau presqu’à tous les jours cette semaine.  Je sais pertinemment bien que l’activité physique, la lumière éclatante du jour, la compagnie de fiston et conjoint et la présence du chien à mes côtés sont quatre facteurs hyper importants qui vont me permettre de diminuer ma réponse de stress.  Je me propose d’ailleurs de vous écrire quelques billets de blogue à ce sujet pour votre bénéfice je l’espère et aussi pour le mien ! Nous pourrons ainsi mettre en place des moyens simples (et peu coûteux) de diminuer nos réponses de stress en ces temps de COVID-19.  Ensemble, nous arriverons à contrôler les mammouths !

Mais avant de poursuivre mon écriture, je ferme l’ordinateur et je pars promener le chien.

Et durant ma promenade, je tenterai de comprendre comment fiston a pu placer le mot ‘soyez’ sur une ligne de case compte triple tout en ajoutant le ‘s’ de ‘soyez’ à un autre mot super payant.

À bientôt 🙂

 

Texte de Sonia Lupien PhD., Directrice du Centre d’études sur le stress humain