COVID-19 : Reconstruire le stress pour développer la résilience
Vous venez de raccrocher le téléphone après une conversation avec votre amie, qui vous appelle maintenant tous les mercredis soir après le souper. Tout le long de la conversation avec cette dernière, vous avez senti votre main se serrer sur le cellulaire et votre coeur se mettre à battre plus vite. Une colère sourde semble vouloir poindre à l’horizon de votre humeur. Une fois le cellulaire déposé sur la table de la salle à manger, vous vous faites le commentaire suivant : ‘Elle me stresse trop, ça n’a pas d’allure. À chaque fois qu’elle m’appelle, j’ai un trop plein de stress après la conversation. Je n’aime pas cela’.
Bravo ! Vous venez de franchir la première étape vers le contrôle de votre réponse de stress ! En effet, comme je l’ai rapporté dans un billet de blogue précédent, il est essentiel que l’on puisse reconnaître les signes physiques (chaleur, mains crispées) et mentaux (colère qui arrive à l’horizon) si on veut tenter de contrôler nos réponses de stress.
Maintenant que vous avez reconnu votre réponse de stress, il faut passer à l’étape de la déconstruction de la situation stressante en ses ingrédients de CINÉ, une méthode décrite en détails dans ce billet de blogue.
‘Est-ce que mon amie me stresse parce qu’elle est nouvelle ? Réponse : non’.
‘Est-ce qu’elle me stresse parce qu’elle est imprévisible ? Réponse : non’.
‘Est-ce qu’elle me stresse car elle m’enlève l’impression d’avoir le contrôle ? Réponse : oui !’
‘Est-ce qu’elle me stresse car elle menace mon égo ? Réponse : non’.
Vous savez maintenant pourquoi votre amie génère un stress en vous. Vous réalisez soudain qu’à chaque fois qu’elle vous appelle et qu’elle vous parle des centaines de choses qui pourraient mal tourner avec le déconfinement qui s’en vient, cela augmente votre impression de ne pas avoir le contrôle sur la situation et génère une réponse de stress.
Wow ! En déconstruisant votre stress comme vous l’avez appris ici, vous venez de franchir la seconde étape de la prise de contrôle sur votre stress : vous avez compris pourquoi cette situation est stressante pour vous.
Avec la reconnaissance de votre réponse physique et mentale de stress et votre déconstruction de la situation en ses ingrédients CINÉ, vous avez déjà diminué de moitié le poids de ce stress sur votre corps et votre cerveau.
Mais à ce moment-ci de l’histoire, vous n’avez fait que la moitié du travail pour empêcher ce stress d’aller vous faire du mal dans les jours à venir.
En effet, votre cerveau a détecté une menace (l’amie qui vous donne l’impression de ne pas contrôler une situation) et vous devez aider votre cerveau à cesser de voir cette situation comme une menace. Pour ce faire, vous allez reconstruire ce stress, à votre façon.
Comme je le dis souvent, le mot inverse de stress n’est pas la ‘relaxation’. Ce n’est pas parce que vous allez au spa après la pandémie que vous aurez l’impression d’avoir plus de contrôle sur ce que votre amie vous dit lorsqu’elle vous appelle au téléphone les mercredis soir.
Les recherches scientifiques montrent qu’en fait, le mot inverse de stress est la ‘résilience’. Et la résilience, c’est la capacité d’avoir un plan B, un plan C, un plan D et ce, jusqu’à ce que vous ayez l’impression d’être en plein contrôle de la situation.
Retournons à l’exemple de cette amie qui vous stresse au téléphone car elle ne cesse de vous donner l’impression que vous n’avez aucun contrôle sur la situation en cours. Une fois que vous avez déconstruit ce stress et compris que votre amie vous stresse car elle vous donne l’impression de ne pas contrôler la situation, vous devez maintenant reconstruire ce stresseur en trouvant des plans B, C et D. Voici ce que ça donne.
‘Mon amie me stresse car elle me donne l’impression de ne pas avoir de contrôle sur la situation en cours. Que puis-je faire pour avoir l’impression d’avoir plus de contrôle sur la situation ?
Plan B : Je cesse de parler à mon amie.
-Ai-je l’impression que c’est un bon plan ? Réponse : non. J’aime cette fille et je veux la garder comme amie. J’ai donc besoin d’un plan C.
Plan C : Je lui demande de cesser de me parler de tout ce qui peut mal aller avec la COVID-19.
-Ai-je l’impression que c’est un bon plan ? Réponse : non. Je la connais bien et j’ai l’impression qu’elle ne peut pas s’empêcher d’avoir peur du futur. J’ai donc besoin d’un plan D.
Plan D : Je lui propose de faire un appel de groupe tous les mercredis soir avec les autres copines au lieu d’être seules elle et moi au téléphone.
-Ai-je l’impression que c’est un bon plan ? Réponse : oui. J’ai remarqué que lorsqu’on est en groupe et non en tête à tête, elle parle moins de ses anxiétés et elle est de très agréable compagnie’.
Une fois que vous avez trouvé le plan qui pourrait fonctionner pour vous, vous cessez d’en chercher d’autres.
Quand votre copine vous rappellera mercredi prochain et que vous sentirez une petite réponse de stress survenir au moment de la sonnerie du téléphone, vous pouvez faire l’une des deux choses suivantes. D’abord, vous pouvez choisir de mettre votre plan D à exécution et lui proposer un appel de groupe pour le mercredi suivant et voir si cela pourra contribuer à diminuer votre stress. Si cela ne fonctionne pas, vous pourrez retourner chercher un plan E qui pourrait fonctionner dans le futur.
L’autre option qui s’offre à vous est de berner votre cerveau un petit peu ! En effet, les recherches montrent qu’un très grand pourcentage de gens ne mettent jamais en action les plans B, C, D qu’ils ont développés. Toutefois, le seul fait de ramener à la conscience votre plan B, C, ou D quand vous faites face à la situation stressante envoie le message à votre cerveau que vous avez le contrôle sur la situation et c’est tout ce dont il a besoin pour cesser la production d’hormones de stress!
Comme je le dis souvent, n’allez jamais au-devant d’une situation stressante sans plan B, car c’est à peu près l’équivalent d’aller chasser un mammouth …. sans lance !
Si vous partez chasser le mammouth avec une lance dans la main, il est possible que vous perdiez la bataille contre la bête, mais vous aurez quand même moins peur de lui faire face que si vous partiez à sa rencontre sans arme.
C’est exactement la même chose pour le stress. Si vous aidez un peu votre cerveau à combattre la menace, vous lui donnerez une chance de se sentir en contrôle et donc, de calmer votre stress !